Mesdames, Messieurs les organisateurs,Chers compatriotes,
1. L’idée de tenir ce séminaire à Bruxelles et d’associer les Burundais de la diaspora vient de révéler son originalité. Le débat citoyen, devenu le quotidien des Burundais résidant au Burundi à travers un dialogue franc et constructif, devait entrer également dans les mœurs des Burundais de l’étranger. Les occasions ne sont pas fréquentes hélas.
La sérénité qui a caractérisé les Burundais durant les séances, l’ouverture et la lucidité des réflexions, le respect d’autrui dans l’expression de ce que l’on croit devoir dire, tels sont des atouts admirables qui confirment dans l’idée que le Peuple burundais est très avancé dans la réconciliation et la démocratie. Les doutes et craintes qui avaient habité certains des organisateurs lors de
la préparation viennent d’être levés. Chers compatriotes, vous avez montré que le peuple burundais est sympathique, je suis fier d’être parmi vous.
2. Le séminaire aura donné l’occasion aux Burundais de la diaspora de participer à ce débat citoyen sur les questions qui concernent leur pays, et qui les concernent finalement. La convergence des perceptions affirme et réaffirme que nous avons les mêmes aspirations : un Burundi uni et prospère.
3. Le recul dans la réflexion impose à chacun de nous de garder à l’esprit que le Burundi et le Peuple burundais existent bien longtemps avant nous, préexistent aux contingences des temps actuels et existeront bien longtemps et très longtemps encore après nous. Cette jeunesse qui nous observe, avec un regard décomplexé et dépassionné, doit nous interpeler et mérite considération. Nous ne sommes pas tout, nous ne sommes qu’un moment existential dans le devenir de ce Peuple et de ce Pays.
Je suis heureux de noter que les différents intervenants se sont gardés loin des pronostics apocalyptiques.
4. C’est le lieu de féliciter les organisateurs de ce séminaire d’avoir bien voulu associer les Burundais. La séance est apparue comme un haut lieu de dialogue, cette clé que les Burundais se sont convenue pour aborder leurs différends. Un dialogue franc et toujours renouvelé, dialogue entre tous ceux qui ont des intérêts communs, au sommet desquels, la Patrie : responsables gouvernementaux à tous les niveaux, acteurs sociaux, toutes les parties prenantes en vue de dégager les conditions les meilleurs du mieux-vivre ensemble.
5. Un centre d’intérêt commun doit être dégagé, et les acteurs devront être en mesure de conjuguer leurs efforts dans la promotion de cet intérêt commun. L’exemple du gâteau garni de cerises repris par l’orateur Stef Vandeginste, parlant des enjeux et défis du processus démocratique et électoral au Burundi est bien approprié. Que tant de passions politiques quand il s’agit du partage du gâteau !
Vous auriez remarqué ici déjà que les interventions ont été bien plus passionnées et prolifiques autour de certains thèmes, tandis qu’elles ont presque tari lorsqu’il s’est agi du thème de « Renforcement des capacités et le développement socio-économique ».
6. Le rôle des partenaires financiers est capital dans l’orientation des actions des différents acteurs locaux. Le cas des organisations dites de la société civile devrait faire cas d’école. Au moment où les bailleurs situaient l’urgence dans l’aide humanitaire, nous avons vu des associations dites «…d’aide à.. » proliférer. Lorsque les mêmes partenaires mettaient plus de fonds dans la lutte contre le SIDA, ce fut le même phénomène. Actuellement qu’ils orientent plus de fonds dans les domaines relatifs à la démocratie et aux droits de l’homme, les mêmes associations changent le fusil d’épaule, certaines sans même daigner faire la révision des objectifs originels consignés dans leurs statuts. Peut-on espérer que demain les partenaires puissent accorder plus d’intérêt à l’agriculture, à l’éducation, aux infrastructures pour voir les acteurs de la société civile se tourner vers la production ?
Les questions de l’heure, liées plus au processus électoral, ne doivent pas faire oublier les défis et perspectives de développement fondamentaux définis dans la concertation nationale, et consignés dans le document de Cadre Stratégique de croissance et de Lutte contre la Pauvreté (CSLP II). Ce document doit rester toujours le cadre de référence de nos Partenaires techniques et financiers.
7. Tout en appréciant à juste titre la qualité de l’organisation de ce séminaire, il me plaît d’en relever quelques limites : c’est l’absence de représentation de la CENI pour apporter de la lumière sur des questions suscitées par le thème du processus démocratique et électoral, et l’absence des représentants des services gouvernementaux afin d’équilibrer les points de vue de l’unique société civile représentée. Même au sein de la société civile, la réalité au Burundi est telle que la société civile est plurielle, et il importe de tenir compte de ces donnes dans l’avenir.
8. Une motion de remerciement spéciale doit être faite à l’endroit du Royaume de Belgique et du Peuple belge. Premier partenaire bilatéral du Burundi, la Belgique sait être un modèle de coopération au développement en s’impliquant d’une manière appréciable dans les secteurs de développement durable. Que cette motion de remerciement parvienne aux plus hautes autorités du Royaume comme un geste de reconnaissance.
Vive la Belgique
Vive le Burundi
Vive la coopération internationale.
Bruxelles, le 22 septembre 2014